Mouvement pour I'Autodétermination et I'Indépendance de I'Archipel Canarien (MPAIAC)

 

MEMORANDUM

 

        A Mr. Davidson, Nicol, Président du Comité Spécial des Nations Unies chargé d'étudier la situation en ce qui concerne 1'application de la Déclaration sur Octroi de 1'indépendance aux pays et peuples coloniaux (Comité des 24, siégeant á Alger).

 

      Alger.

 

Monsieur le Président,

 

«Les Nations Unies luttent pour 1'Autonomie et 1'Indépendance de tous les peuples et 1'abolition de la discrimination raciale sans réserve d'aucune sorte. Elles ne peuvent se permettre de transiger sur ces principes fondamentaux».

 

U Thant

 

Secrétaire Général des Nations Unies.

 

«1). La sujétion des peuples á une subjugation, á une domination et á une exploitation étrangère constitue un déni des droits fondamentaux de 1'homme, est contraire á la Charte des Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiale.

2). Tous les peuples ont le droít á la libre détermination; en vertu de ce droit, i1s déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel ».

Points 1° et 2°) de la Déclaration sur Octroi de l´Indépendance  aux peuples coloniaux adoptée par 1'Assemblée Générale des N.U. le 14 décembre 1960 (Résolution 1514).

 

Monsieur le Président,

 

         J'ai 1'honneur de m'adresser á V.E. au nom du Mouvement pour 1'Autodétermination et 1'Indépendance de 1'ArchipelCanarien  (M. P. A. I. A. C.) que je représente en tant que Secrétaire Général, en accord avec les pouvoirs généraux qui m'ont été octroyés en septembre 1964, par les points 4) et 5) de la Résolution Finale de notre Organisation clandestine datée du 22 ‑ 10 ‑ 1964.

 

       La lecture de cette Résolution Finale vous permettra de prendre connaissance de tout ce qui concerne notre Organisation, sa création, son développement, son évolution et surtout vous mettra au courant des aspirations d'Indépendance du peuple Canarien.

       Par le point 5 de notre Résolution Finale, notre Mouvement avait, dés le début, prévu la nécessité de poser le problème Canarien devant 1'O.N.U. ; notre peuple est conscient du rôle important que peut jouer 1'O.N.U. dans 1'aide aux mouvements vers 1'Indépendance, dans les territoires sous tutelle et dans les territoires non autonomes.

 

    Nous savons que les N.U. sont convaincus de ce que le maintien du colonialisme empêche le développement de la coopération économique internationale, entrave 1'évolution sociale des peuples dépendants et va á 1'encontre de 1'idéal de paix universel des peuples du monde.

 

 

    Nous sommes convaincus, comme vous et le Comité que vous présidez, que tous les peuples ont le droit inaliénable á la pleine liberté, á 1'exercice de leur souveraineté et á 1'intégrité de leur territoire national. Nous avons étudié la Charte des N.U. par laquelle les peuples du monde se sont déclarés résolus á proclamer leur foi, dans les Droits Fondamentaux de 1'Homme, la dignité et la valeur de la personne humaine, 1'égalité des nations, grandes ou petites, dans leurs progrès et la reconnaissance de leurs droits légitimes.

 

    Conscients de tout ce qui a été dit et approuvé devant cette Assemblée des peuples, et convaincus du respect á toutes ses déclarations, nous avons décidé de nous adresser á V.E. et á ce Comité, pour exposer notre situation et saisir officiellement á travers vous, le Comité de la Décolonisation, du problème Canarien. Quoique pour nous, pour les africaíns et pour toute 1'opinion progressiste mondiale, le problème du peuple Canarien soit un case clair et simple de colonialisme, nous voulons faire un peu d'histoire et donner quelques explications, pour éviter que dans 1'avenir, le gouvernement espagnol ne se serve de 1'exception citée au numéro 6 de la Déclaration du 14 ‑ 12 1960, sur 1'octroi de 1'indépendance  aux peuples coloniaux. Nous voulons éviter aussi que le gouvernement espagnol n’alléguer 1'exception citée au numéro 7 de 1'article 2, chapitre 1 de la Charte de 1'O.N.U.

 

 

CONSIDERATIONS HISTORIQUES

 

 

      L'Archipel africain des Canaries se trouve situé dans 1'Atantique septentrional, entre 27° 44' et 29° 15' de latitude Nord et 13° 26' et 17" 53' de longitude Ouest de méridienne de Greenwich. La distance á 1'Europe (Espagne) est de 1.074 kms. 580 milles marines ; la distance á la côte africaine est de 96 kms. L'Archipel forme partie du Continent africain,il est le plus proche de tous les archipels africains ; il est constitué par sept îles les principales, Tenerife, Fuerteventura, Gran Canaria, Lanzarote, La Palma, Gomera y Hierro et 6 îlots. Sa population actuelle est de 1 Million 300.000 habitants. En plus nous avons 500.000 émigrés éparpillés dans le monde.

      Il est difficile de traiter des origines des îles sans mentionner les fantastiques légendes de la mythologie ancienne et les récits des historiens grecs et romains. Homère, Hérodote et Hésiode ont parlé d'elles, des Iles  des Fortunés et de ses habitants ».

 

     Les romains eurent des informations sur les  habitants les par les narrations de Juba, roi de la Mauritanie qui envoya des émissaires dans 1'Archipel en l´an 40 a. J. C. Surpris par 1'abondance de chiens de grande taille, qui surveillaient les troupeaux des Guanches (nom des habitants des Canaries), i1s les baptisèrent d'après Pline, du nom de Canaries, c'est á dire, « pays de grands chiens ». Phéniciens, grecs, carthaginois, romains, portugais et génois visitèrent nos îles, proie convoitée bien que difficile de prendre á cause de la valeur guerrière de ses habitantes.

 

ORIGINES ETNIQUES DU PEUPLE GUANCHE

 

       Etant donné la distance réduite, 96 kms. séparant 1'Archipel du continent africain, il n'est pas étonnant que le peuple guanche soit originaire d'Afrique. Des études récentes ont mis en évidence 1'origine berbère de notre peuple dont le langage est une branche des parlers Berbers de 1'Afrique du Nord. En même temps leur provenance africaine et berbère est confirmée par leur musique, leurs traditions, leur culture etc. Il y a de nombreuses études de philologie ethnologie et archéologie qui appuient ces allégations. Nous vous en ferons parvenir la bibliographie et quelques documents.

 

Certes, il n'est pas difficile supposer que les divers courants migratoires qui arrivèrent á 1'Archipel Canarien, soient venus de 1'Afrique du Nord. L'écriture canarienne, par exemple, se rapprochait des autres cultures d'Afrique du Nord, spécialement du libyen car on employait les signes du tifinagh des cultures libyens. Malheureusement, la criminelle conquête espagnole du XVé siècle et ensuite la longue période de colonisation effacèrent beaucoup d'aspects de notre ancienne culture, aussi bien les traditions que la religion, la langue, etc. Malgré ce génocide culturel espagnol, quelques milliers de mots se sont conservés dans notre langage courant, ainsi que des noms de villes, villages et lieux géographiques disséminés parmi notre territoire. Le Professeur autrichien, Dominique Wolfel, mort il y a cinq ans, qui a travaillé pendant trente ans sur les guanches, laissa aux chercheurs et aux linguistes le fruit de son travail dans une oeuvre intitulé, « Monumenta Linguae Canariae >> , dictionnaire Canario-Allemand où on rassemble et analyse quelques 3.000 mots de notre langue africaine.

 

        Nous vous ferons parvenir d'autres travaux sur les moeurs, coutumes et croyances de nos ancêtres ; tout ceci nous le faisons dans le but de vous informer sur les origines de notre peuple africain et cela fait partie du combat culturel que nous menons depuis des années contre les colonisateurs et occupants actuels de notre Patrie. En effet, notre Organisation révolutionnaire, le M.P.A.I.A.C., est en train de mettre sur place les structures de lutte nécessaires pour développer le combat contre les colonialistes espagnols sur les Fronts Politique, Militaire, Socio-économique et Culturel et dans ce but nous faisons ces publications.

 

        Il faut signaler ici, Excellence, que le Gouvernement de Madrid, poursuivant toujours le génocide culturel, héritier des autres gouvernements impérialistes espagnols, essaye de convaincre les gouvernements des N.U. que le peuple guanche a disparu en tant qu'entité nationale. Bien súr, dans le monde scientifique, jamais on n'avait pas accepté cette fausse théorie, car il y a des milliers de travaux sur les guanches et aujourd'hui tout le monde est d'accord sur la survivance du peuple Guanche dans le peuple actuel des Canaries. Ainsi le démontrent les études récentes effectués par 1'anthropologue anglaise,Ilse Schwidetzky (1963) et par 1'anthropologue espagnol Miguel Fusté qui, dans son rapport présenté au V Congrès Panafricain de Préhistoire et d'Etude du Quaternaire qui a eu lieu á Sta. Cruz‑ de Tenerife Canaries) en 1963, disait:

 

      « OR, D'APRES LES OBSERVATIONS DE LA PLUPART DES AUTEURS QUI ONT SEJOURNE AUX ILES, VERNAU, FIS CHER, WOLFEL, SCHWIDETZKY, WENINGER ET MOI MEME, A PU ETRE ETABLIE LA PERSISTANCE JUSQU'A NOS JOURS DES ELEMENTS CONSTITUANT LE COMPLEXE RACIAL DES POPULATIONS PREHISTORIQUES ABORIGENES. ET CECI NON PAS SPORADIQUEMENT, MAIS TOUT AU CONTRAIRE EN CONSTITUANT D'AUTHENTIQUES NOYAUX DE POPULATION. C'EST POUR CE MOTIF QUE NOUS AVONS JUGE CONVENABLE D'ETUDIER CONJOINTEMENT L'ANTHROPOLOGIE DES POPULATIONS PREHISTORIQUES ET ACTUELLES, CECI PERMETTANT QUELQUES FOIS D'ENVISAGER, EN MEME TEMPS ET DEPUIS PLUSIEURS POINTS DE VUE, QUELQUES‑UNS DES PROBLEMES, PARFOIS DIFFICILES, POSES PAR L'ANTHROPOLOGIE PREHISTORIQUE » .

 

        Le texte est clair. Pour nous, patriotes Canariens et pour notre Organisation le M.P.A.I.A.C. qui revendique 1'Indépendance de notre Patrie, la réalité historique et les travaux scientifiques confirment, que la présence des Espagnols aux Canaries depuis la fin du XV éme siècle, a pour origine un acte de conquête militaire sur nos ancêtres qui habitaient 1'Archipel. Différentes études apportent les preuves de 1'existence d'un peuple Canarien distinct des Espagnols, et toujours sur place aujourd'hui, malgré les massacres qui eurent lieu pendant les 150 ans de lutte des guanches contre les envahisseurs. L'opposition á 1'Espagne se fait dans notre pays, non seulement en raison des arguments fournis par 1'histoire mais aussi au nom des différences ethniques, politiques, économiques, géographiques et culturelles, qui font du peuple Canarien une unité propre, distincte des Espagnols. Ce n'est qu’à partir de 1960 que les premiers nationalistes révolutionnaires forment le noyau de notre Organisation, c'est le XIX siècle qui verra naître les premiers journaux et les premiers patriotes Canariens en lutte pour 1'Indépendance, mais avant d'y arriver je voudrais vous expliquer comment les Espagnols sont venus aux Canaries.

 

 

PREMIERES ATTAQUES DES ESPAGNOLS

 

      Au temps du roi Pedro IV d'Aragon, dans 1'année 1346, eu lieu une expédition de bateaux majorquins vers 1'île de Grande Canarie. Lors du débarquement, les guanches attaquèrent et firent prisonniers la presque totalité des assaillants. Ainsi cette première expédition finit par un échec des espagnols.

     La seconde armée qui parti de Cadix en 1'année 1385 était composée de cinq navires commandés par Hernan Peraza ; ce fut aussi un échec pour les espagnols quoíque ils réussirent un bref débarquement qui leur permit de faire quelques prisonniers qu'íl vendirent , bien súr, comme esclaves. De même en 1393 la conquête échoua mais quelques prisonniers furent amenés en esclavage sur le marché espagnol.

 

CONQUETE

 

       En 1402, l'aventurier normand Jean de Béthencourt, au service d'Henri III, roi de Castille, débarqua á 1´ile de Lanzarote qui fut ainsi la première conquise après une résistance opíniátre. A partir de ce moment‑lá et durant tout le XV éme siècle, se poursuit la conquête, île par île, de 1'Archipel, et 1'ápre lutte de résistance des guanches qui se poursuivra pendant tout un siècle, jusqu'en 1496, date á laquelle s'acheva la conquête de 1'île de Tenerife. (II avait fallu quelques années seulement pour conquérir les immenses territoires américains). La population fut évangélisée par force et on la contraignit á prendre des noms espagnols par le baptême.

 

       Les guanches furent obligés d'apprendre la langue des conquérants ; les phénomènes postérieurs á la conquête furent semblables á ceux que 1'on peut observer dans tous les pays conquis par les armes. Mais, malgré les guerres et la résistance contre les espagnols, le peuple guanche survit á la conquête quoique relégué dans les montagnes, les forêts et aux alentours des villes. Peu á peu ils se mêlèrent en partie aux espagnols, mais le peuple et ses caractères spécifiques se perpétuèrent, très vivaces, dans tout 1'Archipel.

 

 

EVOLUTION HISTORIQUE, ECONOMIQUE ET

POLITIQUE DE L'ARCHIPEL APRES LA CONQUETE ESPAGNOLE

 

         Après la conquête, commença pour le peuple canarien une période d'exploitation et d'esclavage. Mais bientôt on obtient la fin de 1'esclavage car les traités de paix signés entre guanches et espagnols, promettaient la liberté des personnes et le droit á la propriété. Après la découverte et colonisation de 1'Amérique, diverses innovations agricoles (tabac, pommes de terre, maiz, canne á sucre) trouvèrent une résonance dans 1'économie agricole de la population guanche, qui, au bout d'un siècle était intégré dans le circuit économique ainsi créé. Certains privilèges concédés aux anciens chefs guanches, résultants des compromis conclus par les conquérants, pressés pour terminer la conquête par suite de la découverte de 1'Amérique, leur permettaient de conserver une partie de la terre et de leurs troupeaux. Ce fut le point de départ qui permit au peuple guanche de s'intégrer á 1'evolurión économique voulue par 1'histoire. Les implantations de '':i cuit ure de la canne á sucre, du tabac et de la vigne firent de notre archipel aux XVI et XVII siècles un centre de richesse dont ne profitèrent pas seulement les espagnols mais aussi les guanches.

 

         La découverte de 1'Amérique fut la cause d'un allégement de 1'exploitation des habitants des Canaries ; les trésors et les découvertes américaines attiraient plus d'attention. On vit partir plusieurs familles de conquérants espagnols installées sur notre Patrie. Peu á peu notre peuplé‑ récupéra certaines terres et s'attacha á 1'obtention des moyens de production. A la fin du XVII il y a un boom  économique á cause de nos vins ce qui va maintenir 1'équilibre économique de 1'archipel pendant quelque temps. A cette époque il existait déjà des couches sociales aisées authentiquement canariennes et possédant des moyens économiques suffisants pour affronter la puissance coloniale. Cependant, au début du‑ XVIII siècle il a eu une longue période de décadence économique et de misère, du notamment á la crise du vin, et á la régression des cultures traditionnelles, á cause du déplacement du centre de ces cultures vers 1'Amérique. Une forte émigration de Canariens vers ce continent envoya quelques capitaux vers nos îles, ce qui renforça certaines couches sociales du peuple qui rapidement se trouvèrent en contradiction d'intérêts avec les colons espagnols et avec la métropole.

 

        Au début du XIX siècle, sous 1'influence des idées de la Révolution Française et des luttes pour 1'Indépendance des colonies anglaises et espagnols d'Amérique, et exacerbées aussi par les difficulté économiques du pays, des aspirations pour 1'indépendance commencèrent á se manifester dans notre Archipel.

 

      Cependant le peuple canarien n'avait pas encore la force nécesaíre pour mener une lutte pour 1'indépendance contrairement á ce qui fut le cas en Amérique. En 1834, Manuel Ossuna y Savinon publia une oeuvre historique intitulée, « Les guanches ou la destruction des monarchies de Tenerife », il écrivait déjà, á cette époque : «Lorsque les stupides et furibonds guerriers des XV et XVI éme siècles retournèrent de leurs pieuses croisades, agités par 1'esprit de fanatisme et de conquête, les portes du « Non plus Ultra » furent oúvertes et ils pénétrèrent dans 1'occident. Es se lancèrent anxieux sur les Canaries et l'Amérique. ici et là, partout, ces fiers conquérants considérèrent leurs habitants comme des esclaves. L'historien canarien Viera y Clavijo nous dit, que 1'état de nos ancêtres insulaires est arrivé á tel point de bassesse, qu'en Espagne, pour entrer dans les Universités on demandait dans leurs règlements de savoir si les élèves descendaient des guanches ». Le journal « El Guanche » en 1858 écrivait aussi au sujet de 1'arrivée des espagnols aux Canaries : » Des inconnus couverts de fer et brandissant de luisantes armes, inondèrent nos plages avec grand bruit de tambours et trompettes. Hélas ! c'étaient des gens assoiffés de sang et de gloire qui venaient apporter aux Guanches dans les pointes de leurs épées, des habitudes et une civilisation dont ils n'avaient pas besoin ».

 

            En 1827, essaie de surgir en Tenerife en premier mouvement pour l´indépendance mais il  a échoué. En 1852 fut un moment crucial des contradictions économiques et des aspirations séparatistes. L'Espagne, devant la tension due á la misère régnant parmi la population et devant les risques de complication de guerre coloniale qui venait s'ajouter á ceux existants á 1'époque á Cuba, concéda á 1'Archipel le statut de Port Franc, le 11 ‑ 7 ‑ 1852, sous le règne d'Isabelle II. Cette mesure contribua beaucoup á donner au peuple canarien la possibilité de développer son économie. Cela fut une grande conquête dans la lutte du peuple guanche vers 1'obtention de son indépendance économique, qui, malheureusement lui sera enlevé á partir de 1936 par le régime franquiste. Quoique nous soyons un peuple colonisé, le travail constant et les luttes revendicatives de notre population au cours des siècles avaient porté notre évolution économique, sociale et culturelle á une degré très avancé.

 

 

          A cette époque déjà on peut considérer que les guanches et les descendants des colons espagnols et d'autres nationalítés, s'étaient intégrés formant un seul corps, en ce que 1'on appelle aujourd'hui, le peuple canarien. Cette union résultait surtout de 1'alliance des intérêts économiques et politiques, en contradiction avec la métropole. Il ne tarda pas á se vérifier que 1'octroi des Ports Francs, ‑ première liberté accordée ‑, était insuffisante : elle se trouvait aux prises avec des organisations internes dépassées, qui freinaient toute tentative de transformation des statuts administratifs. C'est vers 1909 que la lutte politique se fit plus dure, donna lieu á des manifestations séparatistes, qui aboutirent á 1'occupation de la ville de La Laguna (Tenerife), contrée par le mouvement populaire pendant trois jours. Des troupes furent envoyées par le gouvernement, mais les espagnols évitèrent de provoquer un choc violent, étant donné la situation dans laquelle i1s se trouvaient, ayant perdu récemment Cuba, Porto Rico et les Philippines. C'est pourquoi ils concédèrent une certaine Autonomie aux Cabildos, en  1912, conseils locaux, et quelques mesures libérales de décentralisation qui calmèrent partíllement le mouvement  nationaliste. Il s'ensuivit une longue période de calme relative, qui dura jusqu'en 1936. Le gouvernement franquiste, issu de la guerre civile espagnole, priva le peuple des Canaries de tous les privilèges qu'íl avait acquis au cours des siècles. Une campagne d'espagnolisation fut mise en avant qui se caractérise par la tentative d'intégration des Canaries dans 1'espace culturel et économique espagnol, avec des conséquences négatives pour notre Archipel. La politique de sauvage répression du gouvernent actuel de Madrid sur la population canarienne, pendant et après la guerre civile, (plusieurs milliers de Canariens fusillés), ainsi que le mépris absolu des droits fondamentaux de 1'homme, poussèrent á 1'extréme, les sentiments nationalistes et séparatistes de notre peuple, qui ne s'étaient jamais calmés. Vers 1959, le peuple canarien avait renforcé sa prise de conscience nationaliste ; nos intellectuels et nos hommes de science menèrent une campagne de diffusion de notre histoire et de notre culture malgré 1'opposition du gouvernement colonialiste.

 

          La période 1959 ‑ 60 fut celle de 1'organisation, de la structuration et du regroupement de tous les éléments nationalistes et révolutionnaires. Le peuple canarien qui au cours de prés de cinq siècles de revendications s'était forgé une force et une conscience propre, voulait obtenir une fois pour toutes, sa liberté et son indépendance, contr6ler ses richesses naturelles et ses moyens de production, pour éliminer la misère et établir une justice sociale réelle. L'influence de la déclaration des N.U. sur le juste et légitime droit qu'ont tous les peuples á la libre autodétermination et á 1'indépendance ,ainsi que les répercussion des luttes de libération des peuples d'Afrique, spécialement la guerre d'Algérie, eurent une grande influence sur notre population. L'heure de la libération de 1'Afrique avait sonné ; malheureusement nous sommes un Archipel la lutte armée est tris difficile ; de plus, la permanence de 1'Espagne dans notre patrie depuis quatre siècles semble légaliser devant les gouvernements étrangers, son droit illégal de conquête et aujourd'hui parfois on met en doute, le fait que les Canaries soient ou non une partie de 1'Afrique, á tel point est arrivée la mystification coloniale.

 

       Les Canariens éprouvent un grand respect pour les príncipes universels de cœxistence entre les peuples ; les droits de 1'homme ainsi que les principes de la Charte des Nations Unies sont des lois fondamentales qui, croyons nous, doivent être respectés par tous. Mais il ne faut pas confondre les termes : pour nous le droit de conquête de notre patrie est un droit illégal basé sur 1'illégalité que représenta á 1'époque 1'invation espagnole et que la présence de 1'Espagne aux Canaries représente aujourd'hui. Pour nous, ce qui est légal est représenté aujourd'hui par notre lutte pour 1'indépendance mais, malheureusement, la légalité des. aspirations d'un peuple est fonction de sa force dans le contexte actuel du monde. Les relations de puissance et de force commandent et la légalité d'une action ou d'un droit ne dépend que de la force avec laquelle celle‑ci s'est imposée. Comme 1'Espagne possède toute la force politique et matérielle nécessaire 1'illégalité de son droit de conquété est plus forte que la légitimité que nous avons d'étre libres et indépendants ‑ comme le stipulé le point 2) de la Déclaration de 1'Assemblée Générale des N.U. du 14 12 ‑ 1960.

 

 

         Cependant ce droit illégal que possède 1'Espagne pourrait être dénoncé par une dédramatiser de votre Comité, ce donnerait une grande force morale á notre peuple pour développer á un plus haut degré, une lutte de libération nationale sachant ainsi que son droit á 1'Autodétermination ne pourra jamais être nié par personne, puisque les N.U. 1'ont défini. Sur les plans sociaux, culturels et économiques, notre peuple se trouve préparé pour accéder á 1'Indépendance. Le contrôle d'une partie de notre économie et notre travail productif continuel pendant des siècles de domination, nous ont aidés á obtenir ‑ malgré les espagnols ‑, la préparation nécessaire pour prendre un jour la direction du gouvernement de notre pays. Le gouvernement colonialiste espagnol ne pourra jamais alléguer le manque de préparation du peuple. Votre Comité pourra nommer une Commission Spéciale d'Enquête pour examiner la situation actuelle du pays, son degré d'évolution culturelle et technique dans tous les domaines et ses conditions de « viabilité économique et politique > .

 

FORMATION ET ORGANISATION DU M.P.A.I.A.C.

 

         Notre Mouvement révolutionnaire a traversé diverses étapes dans sa période de formation á cause des conditions de lutte difficiles imposées par la clandestinité. En 1960 les facteurs dominante á cette époque, donnèrent comme conséquence que les divers courant nationalistes existants dans 1'Archipel, s'unirent dans la lutte et créèrent un organisme nommé le Mouvement Autonomiste Canarien (M.A.C.) qui se distinguait par le mot d'ordre : « Vive les Canaries Libres ».

 

        Entre 1960 et mars 1962 plusieurs manifestations de masses se succédèrent dans les ¡les dirigées par les membres du MAC, les plus importantes furent celles de mai 1961 et janvier 1962 á Tenerife. Du 20 au 24 mars 1962, une grande manifestation paysanne paralysa la ville de Santa Cruz de Tenerife, le 25, divers incidents se produisent á Las Palmas au cours d'un match de football. Ensuite, plus de 15.000 personnes parcoura la ville de Las Palmas aux cris de « Vive Canaries Libre » et « Les Espagnols dehors ». La police et 1'Armée furent impuissantes á arrêter cette manifestation. Quelques jours après, onze dirigeants du MAC sont arrêtés á las Palmas et á Ténériffe. Le 28 mars, ils sont déférés devant un Conseil de guerre exceptionnel qui les condamne á de lourdes peines de prison. J'avais été arrêté le 24 mars 1962 á Tenerife pendant la manifestation paysanne, mais quelques mois plus tard je pus m'enfuir á 1'étranger, obéissant aux ordres de 1'Organisation afin d'essayer de réorganiser le Mouvement.

 

        En 1963, s'est en partie réorganisé et a établi le Secrétariat Général á 1'étranger. Le Comité Directeur de 1'intérieur décida d'établir le siége du Mouvement en Algérie, pays né d'une révolution qui avait étonné le monde entier. En septembre 1964 vu la situation du pays, le refus continuel des autorités colonialistes espagnoles de concéder aux Canaries son droit á 1'Autodétermination et, vu la répression organisée á partir de 1962 contre le courant patriotique de notre peuple, le Comité Directeur du MAC ainsi que d'autres groupes révolutionnaires représentatifs de 1'Archipel, décida d'adopter la Résolution súivan :

 

« Modifier le nom du MAC et s'intégrer avec les autres groupes révolutionnaires dans le Mouvement pour 1'Autodétermination et 1'Indépendance de 1'Archipel Canarien ».

 

Ce Mouvement nationaliste révolutionnaire luttera de toutes ses forces en employant tous les moyens :

 

‑ Pour obtenir le droit légitime, juste á la libre autodétermination et á 1'Indépendance,

 

‑‑ Pour établir á 1'avenir dans 1'Archipel africain des Iles Canaries une République Socialiste, Démocratique, capable de représenter et de manifester devant les autres peuples africains et du monde, les véritables aspirations révolutionnaires et socialistes du peuple canarien. »

 

Ainsi commença le MPAIAC.

 

Sur le plan diplomatique et international, nous avons placé le problème Canarien devant toute 1'opinion progressiste mondiale.

 

Le 20 ‑ 7 ‑ 1968 á Alger, Le Comité des Onze, au VI éme Sommet de 1'OUA, dans la réunion consacrée á 1'examen de la question relative aux Canaries décida :

 

 

«LES ILES CANARIES SONT PARTIE INTEGRANTE DE L'AFRIQUE. ELLES NE CONSTITUENT PAS UNE PARTIE INTEGRANTE DE L'ESPAGNE. NOUS DESIRONS DECLARER ICI QUE LE PEUPLE DES ILES CANARIES A DROIT A L'AUTODETERMINATION COMME TOUS LES AUTRES TERRITOIRES ENCORE SOUS DOMINATION COLONIALISTE. ET A PARTIR D'AUJOURD'HUI, LES DISPOSITIONS SERONT PRISES POUR TROUVER LES VOIES ET LES MOYENS DE VENIR EN AIDE A NOS FRERES ET SCEURS DES ILES CANARIES».

 

          La reconnaissance de ce fait par 1'OUA á Alger en 1968 n'est pas seulement une donnée nouvelle dans le terrain politique international, il signifie surtout que notre Patrie a retrouvé dans la nouvelle Afrique la fraternité dont nous avions besoin pour passer á un stade nouveau de notre lutte.

 

MOUVEMENT D'UNITE NATIONALE

 

Devant 1'expérience d'autres luttes nationales nous avons essayé d'obtenir dés le début 1'Unité nationale, car nous croyons que

1) L'unité est primordiale pour mener victorieusement une longue et dure lutte de libération.

 

2) L'unité réelle s'obtient lorsqu'une organisation est fermement décidée á lutter jusqu'au bout et prépare la lutte sur tous les terrains y compris celui de la lutte armée, aspire á obtenir une véritable indépendance politique et économique, libre de toute influence colonialiste ou néo‑colonialiste.

 

3) L'unité nous la faisons en rassemblant toutes les forces patriotiques sortant de différentes couches de la population et en les intégrant dans un Large Front Uni de Libération Nationale.

 

A 1'heure actuel notre peuple se trouve en conditions de dépasser 1'étape actuel de notre lutte, mais nous voudrions avant tout, que les peuples du monde et les N.U. recozaissent nos droits légitimes. Notre Organisation est disposé á épuiser toutes les voies possibles préconisées par la procédure des N.U. et du Comité des 24, mais si nous ne réussissions pas par cette voie nous serons contraints de faire valoir nos droits par nos propres moyens y compris 1'usage des armes. Nous signalons ici, M. le Président, que notre Organisation avait déjà présenté un autre Mémorandum au Comité des 24 le mois de juin 1966 sans que jusqu présent votre Comité soit saisi du problème des Canaries.

 

Nous sommes convaincus de nos droits mais nous voulons convaincre les autres peuples de ce que nos aspirations et notre lutte est légale et que ce qui est illégal c'est 1'accupation colonialiste espagnole.

 

Par la Résolution Finale de notre Organisation, je fus chargé en tant que Secrétaire Général, de faire le nécessaire pour exposer notre cas devant les N.U. C'est la raison pour laquelle je m'adresse officiellement á V.E. et au Comité des 24 pays sur al Décolonisation, selon le désir du Mouvement unitaire, le MPAIAC, qui représente le peuple Canarien.

 

ASPIRATIONS DE NOTRE PEUPLE

 

ET BASES GENERALES DE NOTRE ORGANISATION

 

1). ‑ Faire de 1'Archipel Canarien une République africaine, indépendante politiquement et économiquement faisant partie de 1'OUA et de 1'ONU.

 

2). ‑ Etablir un système sociale afin de développer notre économie au maximum suivant un esprit d'équité  sociale, en tenant compte de nos particularités nationales.

 

3 ). ‑ Obtenir une véritable indépendance, c'est á dire, se garder de toute influence venant aussi de la métropole ancienne que de tout autre aire ou bloc étranger.

 

4). ‑ Fonder notre économie sur le travail de notre peuple et dans 1'exploitation des richesses et moyens de production de notre pays et non sur 1'aide étrangère.

 

5). ‑ Accroître et développer au maximum notre industrie. Nationaliser la grande industrie étrangère au bénéfice de 1'indépendance économique du pays et créer de nouvelles entreprises en vue d'éviter 1'émigration canarienne par la création de quelques milliers de nouveaux postes d'emploi. Développer au maximum 1'industrie touristique au bénéfice de notre propre peuple.

 

6). ‑ Nationalisation des eaux, élément déterminant de toute notre économie agricole pour mettre fin á la spéculation honteuse de 1'eau qui ruine les paysans ; réforme agraire, limitation de la grande propriété, confiscation des terres non cultivées et distribution aux petit paysans sans terre. Transformation des structures agricoles par la mécanisation et par le développement c1e tous les systèmes de coopératives en vue d'améliorer la qualité et la quantité de nos produits agricoles ; rationaliser la production, et la commercialisation afin d'élargir nos marchés á 1'étrangers et nous émanciper du marché espagnol.

 

7). ‑ Organisation d'un circuit de Crédit agricole pour permettre aux paysans de mettre leurs terres en exploitation de manière moderne et rationnelle. Elever le niveau technique des zones rurales ; promouvoir la formation professionnelle des paysans. Collaboration avec la FAO pour améliorer les méthodes de culture, sylviculture et de péché de notre Patrie.

 

8). ‑ Planification de 1'économie nationale, seul moyen d'augmenter harmonieusement la production dans des délais rapides afin d'élever le niveau de vie de notre population et plus spécialement celui de la population rurale.

 

9). ‑ Alphabétisation totale du pays.

 

10). Modernisation de nos ports, points stratégiques du commerce mondial et collaboration technique avec 1'IMCO.

 

11). ‑ Collaboration avec 1'ONU et ses divers organismes techniques ; développer de bonnes relations avec tous les pays du monde épris de paix.

 

12). ‑ Garantir á tous les habitants de 1'Archipel les libertés et les Droits reconnus dans la Déclaration des Droits de 1'Homme ; établir un régime républicain federal de droit qui reconnaisse la dignité et la valeur de la personne humaine, qui favorise le progrès social et instaure les meilleures conditions de vie dans la plus grande liberté et justice sociale.

 

         Voilà les lignes générales de notre Programme ; pour les mettre en pratique il nous faut obtenir le droit á 1'Autodétermination et á 1'Indépendance politique et économique. Nous croyons que nos aspirations sont légitimes et justes et que nul, sauf 1'Espagne, ne s'y opposera. Mettre en pratique la façon de réaliser ces aspirations c'est le r61e de notre Organisation de lutte. Mais comme nous sommes un peuple respectueux du droit international, nous voulons suivre et épuiser les voies légales et internationales établies.

 

Les Nations Unies sont aujourd'hui le Tribunal des Nations.

 

Ce tribunal se constitua á la fin de la guerre la plus horrible de 1'histoire de 1'Humanité où 1'on bafoua le droit, le respect de la personne humaine et sa dignité. Vous êtes chargé depuis 1945 de définir le droit des peuples et de les faire respecter malgré qu'il existent des pays comme le Portugal, Israél, Afrique du Sud, USA et 1'Espagne qui refusent vos recommandations.

 

Nous nous adressons á ce Tribunal et particulièrement á son Comité de Décolonisation, afin qu'il définisse, suivant les textes légaux cités plus loin, notre droit á être déclarés TERRITOIRE NON AUTONOME avec plein droit á la libre Autodétermination et á 1'Indépendance en tant que peuple et nation.

 

Textes de Référence

 

A. ‑ 1). Art. 1

2). Art. 2, n° 4 du Chapitre 1

3). Art. 11 du Chapitre IV

4). Art. 73 du Chapitre XI

 

Articles et Chapitres de la Charte des N.U. approuvée le 26 juin 1945 á San Francisco, USA.

 

B. ‑ Texte 1514 de la Résolution sur 1'octroi á 1'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux adoptée par 1'Assemblée Générale des N.U. du 14‑12‑1960.

 

C. ‑ La Résolution de 1'Assemblée Générale des N.U. du 11 ‑ 12 ‑ 1963 par laquelle on prie le Comité Spécial des 24 pays de continuer á rechercher les voies et les moyens les meilleurs pour assurer 1'application immédiate et intégrale de la Déclaration du 14 ‑ 12 ‑ 1960 á tous les territoires qui n'ont pas accédé á 1'Indépendance.

 

 

 

Nous basant sur les textes légaux précédemment cités et au nom de notre Organisation, le MPAIAC, avant‑garde du peuple Canarien,

 

1°) Nous SUPPLIONS V.E. de bien vouloir tenir pour formulé cette demande officielle de DECLARATION DE TERRITOIRE NON AUTONOME en ce qui concerne 1'Archipel Canarien, territoíre soumis au colonialisme espagnol depuis 1497 date de la fin de la conquête de notre Archipel et de son rattachement forcé á 1'Espagne. Nous sollicitons que notre demande soit attentivement examinée, que 1'Archipel Canarien soit considéré comme TERRITOIRE NON AUTONOME et soit inscrit á 1'ordre du jour de la prochaine réunion du Comité des 24 et que cette demande soit distribuée comme document officiel parmi les membres de votre Comité et copie d'elle envoyée au Secrétariat Général des Nations Unies.

 

2°) Nous SOLLICITONS de votre Comité et de son Secrétariat, qu'il ouvre le dossier de 1'ARCHIPEL CANARIEN afin que les renseignements nécessaires soient recueillis auprès de notre Organisation, auprès de 1'OUA et de son Comité des Onze et aussi auprès de la population des Canaries. Quant aux documenta provenant de la puissance coloniale ceux‑ci sont sujets á caution de notre part et nous souhaitons pouvoir en faire librement la critique. Nous Sollicitons aussi que soit créé une Commission Spéciale d'Enquête et de visite pour être envoyée sur place dans laquelle nous pourrions assister.

 

3°) Nous SOLLICITONS de votre Comité qu'une fois reconnu notre statut de Territoire Non Autonome et déclaré notre droit juste et légitime á 1'Indépendance, que soit fixé en commun accord avec notre Organisation le délai que votre Comité ainsi que 1'Assemblée Générale établiront quant á la date de notre prochaine Indépendance. Nous Sollicitons également que soit établie, en commun accord avec nous, la manière par laquelle sera mis en place un régime de droit préalable aux élections générales qui doivent précéder la déclaration de 1'Indépendance.

 

Ce régime devra être établie de telle manière qu'il empêche les manoeuvres de .la puissance colonisatrice qui tentera de maintenir sa domination et son exploitation par tous les moyens.

 

 

 

4°) Nous SOLLICITONS que tant que durera la procédure il nous soit accordé le Droit de Réplique et de Contre Réplique á toutes les allégations que pourra faire la puissance qui nous colonise.

 

5°) Nous SOLLICITONS, étant donné que les Canaries constituent un pays africain et tenant compte que les N.U. reconnaissent 1'OUA comme Organisme régional supranational (Art. 52), que ce Comité Spécial invite un observateur du Comité des Onze de 1'OUA, en 1'occurrence 1'Algérie, pour défendre et pour préserver nos droits ainsi que les principes contenus dans la Charte de 1'OUA.

 

Excellence, devant les dispositions légales précitées, ainsi que les différents arguments mentionnés et en tenant compte de cette Demande ainsi que des SUPPLIQUES cités et des informations et documents ci‑joints, et ceux que nous vous ferons parvenir nous vous prions de bien vouloir recevoir et prendre en considération notre Demande et d'ouvrir le Dossier correspondant pour que dans les délais les plus courts le cas de 1'Archipel Canarien soit examiné, que sa situation soit étudiée et qu'il soit déclaré TERRITOIRE NON AUTONOME soumis au Colonialisme Espagnol ;

 

Que l'on définisse son droit á la libre Autodétermination et á 1'Indépendance et que soit recommandée aux N.U. et á 1'Assemblée Générale, son accession á 1'Indépendance, selon les manières exposées par nous dans les Suppliques précédentes.

 

Comptant sur 1'esprit et la lettre de la Charte des N.U. ainsi qu'avec la Déclaration qui a précédé á la formation de votre Comité le 14 ‑ 12 ‑ 1960, nous avons confiance dans 1'accueil qu'il sera fait á notre demande et nous espérons être convoqués rapidement pour pouvoir défendre notre cause devant vous.

 

En espérant que cette Demande et Mémorandum sera prise en considération je prie V.E. et le Comité qu'elle préside de bien vouloir agréer 1'expression de notre profond respect.

 

Fait á Alger le 25 mai 1970

 

Signé : Antonio Cubillo Ferreira

Secrétaire Général du M.P.A.I.A.C.